Séville/Sevilla - la rue

Séville/Sevilla - la rue

 

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Vous vous mettez exactement à la place de la brouette,

vous vous retournez, et

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juste en face, voici ce que vous voyez :

de l'autre côté de la rue, un mur entièrement badigeonné d'ocre clair,

balconmuré,

ferronnerie peinte avec tout le reste : tout ce mur va disparaître, voué à la démolition.

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et sur ce mur qui aura disparu la prochaine fois que vous  passerez dans la rue, quelqu'un a délicatement posé

quelques fins

traits de calligraphie urbaine.

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vous vous retournez vers l'endroit d'où vous étiez tout à l'heure  lorsque vous avez dû pousser la brouette pour

vous y mettre ,

trop tard,

la porte s'est refermée.

C'est qu'il est 11h, l'heure de la tostada,

ou 15h l'heure de la siesta.

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Remarquez le petit personnage féminin, en bas : un peu plus loin,  vous allez voir : il va trouver où s'habiller chic.

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Angle de rue au coin cassé,

comme une croupette de toit ardennais,

comme un angle de vieux meuble liégeois,

trottoir en courbe, blocs affaissés, grille fatiguée qui ne laisse plus rien passer,

sur la porte, la partie la plus blanche est nécessairement la dernière feuille qui s'y  colla  :

elle annonce un concert de flamenco qui n'est vieux que de trois ans.

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concert de flamenco, voiture à vendre,

figé,

mais poussent les herbes à chats.

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Je vous le disais plus haut : la petite fille  à droite a trouvé à gauche une petite robe jaune.

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Gracieux, on dirait un début réussi de Ménine,

les courbes de ses hanches,

à gauche et à droite, un peu fortes dirons-nous,

ont eu du mal à rentrer dans la maison : il a fallu ragréer les angles -  ragréages réussi lui aussi.

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On dirait qu'une fanfare, une grosse fanfare avec de gros tromblons, en passant y a collé ses sons.

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Roman  est le fiancé d'Alicia.

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Commentaires

L'heure de la "tostada" ou des "churros" est depuis toujours une institution bien ancrée dans la vie sévillane, l'auteur le sait bien -je suppose- pour en avoir lui-même profité.En revanche,quel dommage de s'être laissé piéger par ce si vieux cliché, tellement répété, tellement apprécié -croirait-on- par les "guiris" -"étrangers", plutôt "touristes" pour les sévillans- dans un si bel article plein de poésie, de finesse d'esprit, de clin d'yeux où l'on nous promène justement dans des coins de Séville si loin des images traditionnelles, où l'on nous fait sentir des ambiances inattendues, insoupçonnées, différentes de celles que l'on aurait eu tendance à éspérer..... Mais l'imperfection fait aussi partie de l'art.