OU IL EST QUESTION d’HOMME, de FEMME, et de MUSIQUE DE CHAMBRE

OU IL EST QUESTION d’HOMME, de FEMME, et de MUSIQUE DE CHAMBRE

 

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En ces temps d’avancée sociale,  si  l’ on parle tellement aujourd’hui  de femme de chambre, c’est que forcément son double n’est pas loin et qu’à deux pas, dans le couloir attendant, se tient  l’homme de chambre, et qu’à deux, dans la pénombre réglementaire  de cette  chambre-là qu’ils empruntent un instant,   ils font ensemble cette musique du même nom, musique  intime qui, en ces temps de vacarme  médiatique fait  le si peu de bruit auquel vous et moi pourrions  - comment dire : aspirer ?

 

 

 

Variante :

 

 

Prenez une femme de chambre.

Otez-lui son tablier.

Prenez son équivalent  -  vous n’en  trouvez pas ?

Fabriquez alors un homme de chambre.

Vous ne savez pas ?

Prenez  en ce cas un homme de paille ; enlevez-lui la paille, mettez-lui un cache-poussière, enlevez-le ; mettez-lui un tablier blanc ; assurez-vous que le tuyau du stéthoscope qui avait servi dans le Molière précédent  ne ressort pas de la poche.

Mettez ensemble le couple ainsi  assorti.

Enfermez-les sur leur lieu de travail.

Assurez-vous qu’il n’y a personne dans la salle de bain.

Pour ce faire, faites tousser la femme de chambre tandis que se tait l’homme de chambre.

Sortez de la pièce ; laissez infuser quelques minutes.

La musique qui va couler sous la porte, gagner le couloir, passer invisible dans les écrans de contrôle, calmer la houle,  mater les rumeurs, cramer les tabloïds , est une de celle dite néanmoins  de chambre  - néanmoins.

 

 

Variante :

 

Le verbe troscanner signifie, vous le savez bien, diriger un concentré d’ensemble de musique de chambre.

Par extension, orchestrer un charivari.

Par extension encore : créer un charivari, ou pire  ou mieux un véritable barnum, et tenter ensuite de le diriger ( vers la sortie ).

Ce  néologisme créé   il y a quelques semaines  a connu en quelques instants un succès planétaire, et  -  fait proprement unique dans l’Histoire de la linguistique  -  s’est trouvé directement  et immédiatement  utilisé dans toutes les langues  sans qu’aucune traduction ne fut  nécessaire à quiconque.

 

D’un continent à l’autre, d’une race à l’autre, d’une couleur à l’autre, d’un hémisphère à l’autre, tous sur terre savent aujourd’hui ce que troscanner veut dire, ou du moins en a une certaine idée car, il faut le reconnaître, l’universalité immédiate du terme  l’a été au prix d’une  certaine  diversification vagabonde  et  de souplesse dans l’acception  - certains groupes insistant davantage que d’autres sur l’aspect grivois, d’autres mettant plutôt  en avant  le concept  roche tarpéenne et capitole, d’autres encore  - mais il est impossible de rendre ici compte en quelques mots de  la diversité des acceptions rencontrées, d’autant que ce verbe a très rapidement donné naissance à des substantifs et  des qualificatifs lesquels à leurs tours prenaient rapidement des essors , tournures et fortunes aussi diverses  qu’inattendues parfois -  d’autres encore, donc,  privilégiant  des applications judiciaires  ( procédures comparées ) , voire sociologiques  ( forme de luttes de classes ravivées  ou de racismalisations ) .

 

Troscanner :  verbe  à la voix active, passive et même pronominale

A la fois transitif et intransitif.

Seul restrictif : si ce verbe est transitif  direct, il n’y a pas de transitif indirect.

 

La forme active : je Troscanne , tu T…, nous T…ons  ( mais le pluriel , dans une acception étroite,  est  assez  mal perçu ).

La forme passive : je suis Troscanné.

La forme transitive directe : je Troscanne  mes semblables, mon village, ma cité.

Intransitif :   je Troscanne  - c’est tout -   comme on dit : je flanche, ou j’exulte.

 

Quant à la question du sens, disons d’emblée que ce verbe en a de nombreux, disons même innombrables,  comme si l’universalité à laquelle il a immédiatement touché lui avait du même coup  emplumé l’éventail en le parant d’attributs innombrables  tirés aux oiseaux des 5 continents, du coq à la poule, en passant par les oiseaux de haut vol,  caravelles, pigeons de tous bords, corbeaux, basse-cour, aras de mille couleurs bégayant dans toutes les langues je-serai-blanchi-je-serai-blanchi-je-serai… ; perdreaux, fous de bassan, pintades, paons , alouettes, condors, faucons, vautour moine, linotte  peu mélodieuse, harpie, martin- pêcheur du dimanche, ibis, manchots, fuligule morillon – et tant d’autres.

Avant d’aborder les sens de ce verbe parmi les plus usités, disons encore que sur toute la planète, uniformément et d’un seul chœur,  il fut utilisé soit en une forme d’interpellation affectueuse du style je te couvre de baisers ma Belle-mais tu l’a déjà fait il y a quelques secondes-et alors ?  soit sous une forme faussement cavalière  de menace latente dès que je t’aperçus je sentis en moi monter l’irrésistible envie de te T, soit carrément comme un énorme  fait du Prince dans le style – et dans ce cas, il est vrai, rarement utilisé au féminin – Eh bien oui ce gueux – cette gueuse – ,  mes ami(e)s,  je te vous l’ai T, oui T, mais avouez… il n’y avait là pas mort d’homme …  (  à noter, cet appel à relativisation  - n’y avait là pas mort d’homme – est à présent systématiquement ajouté à chaque fois, entré qu’il fut immédiatement dans l’usage  et n’a pas plus de sens que n’en a aujourd’hui cette phrase qui fit scandale à l’époque et que l’on attribua au Général  Mac-Mahon visitant les inondations dans le Nord de la France : que d’eau, que d’eau ) .

 

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Le sens  premier usuel planétairement donné au verbe Troscanner  est généralement sous toutes les latitudes, toutes les couleurs de peau et toutes les civilisations : je fais l’andouille,  dans le sens je le savais mais je le fais quand même  c’est-à-dire pour être clair : oui, je le sais, les us et coutumes des USA ne sont pas ceux de la France ( note : pays et continents sont évidemment interchangeables, ceci n’est qu’un exemple au hasard ) mais je n’en ai cure, il ne faut pas se trouver sur mon chemin, je regrette, quand j’ai pris cette  petite pilule bleue depuis moins de deux heures.

 

De manière plus technique, utilisé surtout dans la sphère judiciaire, le verbe Troscanner  signifie :

-         Je plaide le rapport consenti mais zut alors je ne m’étais pas rendu compte que ce faisant ( qui n’est plus guère doré, j’en conviens  ) j’admets en même temps qu’il y a eu rapport.

Stupide :

-         Je  peux vous assurer que cette femme de chambre doit être renvoyée par son patron parce qu’elle crache par terre en travaillant.

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Dans un sens moins répandu mais partagé par tout le monde occidental cependant :

 

-         Dans ma cellule, je voyais les Braque, Léger et Picasso de mon épouse adorée et la vision de cette beauté ( je parle des Braque, Léger et Picasso ) m’aide en général beaucoup  à passer les caps difficiles.

 

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Il y a des néologismes, nous en faisons continuellement l’expérience, qui disparaissent  en quelques mois, comme s’ils n’avaient de sens que dans la fulgurance qui les avait vu naître.

 

Il est malaisé de faire un pronostic à propos de troscanner.

Le fait de son universalité, un des premiers mots d’espéranto  spontané,  permet de penser qu’il fera fortune – gageons.

Certains mots  contiennent en naissant leur géniteur ( un Bic ), leur héraut ( silhouette, praline )  et de ce fait ont la vie dure.

On se perd en conjecture sur la question de savoir si troscanner  se rattache à un modèle vivant, une forme  de moule qui l’aurait  ainsi déperlé.

Yourcenar n’est plus, Weyergans est  entré sous la Coupole.

En ces temps d’approximation, allez donc savoir…! 

 

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Commentaires

Tarpeia doit vous en vouloir un peu !
Car le Capitolin où elle fut enterrée, passa à la postérité de bien criminelle façon et s'immortalisa sous l'appellation "roche tarpéienne" !
Ce i donne au mot une certaine verticalité et tente de tempérer l'horizontalité des comportements humains, de certains d'entre eux.