LA VENUS DE LAUSSEL - ou Venus à la corne - ou encore la Venus entre Lune et Taureau.

LA VENUS DE LAUSSEL - ou Venus à la corne - ou encore la Venus entre Lune et Taureau.

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VENUS   DE   LAUSSEL        –            la Venus  entre Lune et Taureau

 

 

 

Ce qui m’a le plus frappé dans la VENUS  DE  LAUSSEL  n’est point qu’il s’agisse d’un des  rares bas-reliefs  du paléolithique ( Gravettien, -25.000 à dater du présent ) , je n’arrive jamais à retenir ce qu’est un bas-relief et je l’ai appris des dizaines de fois, comme je ne retiens pas  ce qu’est exactement la tempera en peinture, ou  taille-douce en gravure,  ou l'appareil qui est ajouté à la purée pour en faire la pomme duchesse, mais ce qui m’a le plus frappé dans cette Venus que nous montre le Musée d’Aquitaine à Bordeaux ( entrée gratuite ) est qu’elle fut sculptée sur un bloc de calcaire dont la partie naturelle la plus convexe ( proéminente )   fut choisie pour être exactement  l’emplacement du centre du ventre de la Venus.

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Et quand on sait la place du ventre dans la convention de  la représentation  archétypale des figures féminines à partir de cette époque,  on peut mesurer  toute  l’astuce ( le clin d’œil existait-il ? ) dont fit preuve le sculpteur ou la sculptrice…

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profil de la Venus de Laussel, tel que présenté au Musée d'Aquitaine de Bordeaux

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Venus…Venus…La déesse de l’amour  et de la beauté de l’antique Méditerranéenne  semble aussi éloignée de cette iconographie que l’est  une pomme  d'un pommier  mais, comme souvent, ce terme est apparu gratuitement pourrait-on dire,  dans la bouche d’un découvreur  * d’une statuette en ivoire d’époque magdaléenne   en 1864 à Laugerie-Basse, et ce vocable fit florès puisque l’on  nomma ainsi toutes les statuettes représentant la femme.

 

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Un fait remarquable : les représentations féminines aurignaciennes et gravettiennes ( -30 à -20.000 ans ) , on en répertorie actuellement  un total de 112 à 120 selon les sources, ont été retrouvées en Europe occidentale certes, mais aussi et surtout en Europe centrale ( Danube ) et jusqu’en Sibérie. Il semblerait  ( ce n’est évidemment pas moi qui l’ai trouvé…) qu’elles aient surgi en Europe centrale et se soient disséminées alors en Europe de l’Ouest d’une part, puis en Europe de l’est jusqu’en Asie d’autre part.

 

Je souhaite parler ici de la Venus de Laussel   parce qu’avec Ryan Air vous y êtes en une  grosse heure, mais je ne résiste pas au plaisir de vous montrer une autre  de ces Venus, trouvée en Dordogne dans l’ornière d’un chemin en 1900 , la statuette de Sireuil,  9cm de haut, qui se trouve plus près encore de nous, au Musée National de St-Germain – mais là, attention, se renseigner : moulages…moulages…( Voy. La chronique sur ce blog La Damme de Brassempouy est en chewing-gum ).

 

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                               statuette de SIREUIL 
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Elle est datée  du gravettien ( -29 à 20.000 ) :  je reste quant à moi confondu devant l’audace du dessin, la solution technique, hautement gracieuse,  apportée par son auteur au traitement du bassin et des cuisses…Inévitablement  le regard et l’esprit se portent sur d’autres arts premiers  - africains ceux-là  -   où se retrouvent cette manière de solutionner en le synthétisant  le rapport hanche/cuisse. L'art africain, tiens-tiens,  mais l'Afrique n'est-elle pas justement  le berceau de notre ancêtre le sapiens-sapiens... comme la digression est tentante, je me fais violence - je ferme cette ouverture à double-tour, en attendant un prochain post... 

 

Revenons à   Laussel,  Commune de Dordogne ( Vallée de la Beune, pas loin de Bernifal…ah Bernifal…),  et sa Venus à la corne.

Bas-relief de calcaire : la Venus a été sciée sur place pour la détacher  du gros bloc de calcaire lui-même déjà détaché ( éboulé ) de la paroi, puis transportée  dans la collection personnelle du commanditaire des travaux, le dr Lalanne de Bordeaux ,  puis donnée au Musée d’Aquitaine à l’ouverture de celui-ci, par les héritiers du découvreur.

 

La plaque de calcaire ainsi sciée mesure environ 54 cm et la venus mesure 47 cm de haut, sa corne ( car c’est une corne, du moins il y a unanimité à présent, car certains ont voulu y voir un calendrier lunaire, ou malgré ses 13 incisions, oui 13, un calendrier obstétrical )  sa corne de bovidé ( unanimité également ) mesure 11 cm.

 

C’est dire que l’on n’est pas en face d’une œuvre de petite dimension, contrairement à la plupart de celles qui existent, et qui peuvent être minuscules ( la dame de Brassempouy, en ivoire, a quelques cm ;  la Venus de Lespugue – autre chef d’œuvre – mesure 14.7cm ; la Dame de Monpazier culmine à 5.5cm une bonne part de sa stature étant prise par ce que l’on appelle l’héroïsme de sa vulve , etc ) .

 

La Venus à la corne  a été enduite à l’origine d’une couleur ocre rouge, il en reste des fragments infimes dans certains entailles.

 

Le visage semble n’avoir jamais été gravé : les chercheurs considèrent en effet que le derme de la pierre à l’endroit du visage est la paroi naturelle. A l’époque toutefois, si l’on excepte le masque de BERNIFAL ( voy. Chronique danbs ce blog )  qui me paraît ( qui suis-je n’est-ce pas pour émettre pareille hypothèse .. ?) suspect, la représentation du visage n’est pas rare.

Par exemple dans ce même Musée d’Aquitaine mais les exemples ailleurs sont nombreux, vous pourrez voir un galet rond comme un poisson lune, dans lequel sont finement gravés les traits humains de deux yeux, un nez et une bouche.

La Venus de laussel présente donc un visage de trois-quart, tourné vers la corne qu’elle tient dans la main droite, sa chevelure ( ? ) tombant sur l’épaule  gauche.  Le chemin est encore long jusqu’à la Femme au Miroir de Titien mais la voie est ouverte.

 

A côté de la Venus de laussel, une autre Venus, exceptionnelle elle aussi mais pour d’autres raisons,  que l’on appelle la Venus à tête quadrillée : corps sans tête ou  presque , aux formes extraordinairement dessinées   qu’un pré-cubiste n’aurait pas reniées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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* Paul de Vibraye, en 1864 à Laugerie-Basse près des Eyzies qui appela sa découverte la Venus Impudique

 

 

 

 

 

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Commentaires

J'ai envie de faire une petite pause et je vais sur votre blog... Il y avait longtemps... et je découvre la vénus de Laussel dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce jour...cela dit, moi je sais comment on fait les pommes duchesse : pomme de terre, oeufs et beurre, sel, poivre et muscade !!! tout simplement...en parlera-t-on encore dans 25000 ans !!!
je vous embrasse !